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pas de sa douleur ? N’étaient-elles pas ses ennemies ? Cette idée fit verser des larmes à Sidonie, et, se sentant étouffer dans l’air de la classe, elle courut au jardin.

Là, elle prit l’allée la plus sombre, celle que séparait du chemin un mur demi-écroulé, demi-retenu par des lierres épais ; et, tandis qu’elle marchait lentement près d’une trouée, elle entendit de l’autre côté, une petite voix et vit Marceline, assise sur une pierre dans le chemin, qui rattachait le galon de son soulier. Sa sœur, plus grande, était debout auprès d’elle. Marceline avait encore le cœur gros ; elle poussa un soupir et relevant sa robe, elle montra son genou.

— Vois, dit-elle à sa sœur, il est tout rouge. Et puis encore là il est noir, et c’est ça qui me faisait si grand mal, parce que j’étais tombée ce matin. Elle était bien méchante aujourd’hui Mlle Jacquillat. Moi, j’ai ri, parce que les autres riaient.

— Oh oui ! elle est méchante, répondit la sœur ; mais nous lui revaudrons ça, va ! Elle ne s’occupe de nous que pour nous punir. Il n’y a que Rachel qu’elle aimait. Eh bien, on la lui a ôtée, ça n’est pas mal fait.

— Pourquoi ça est-ce qu’elle aimait Rachel plus que nous autres ?

— Je ne sais pas. Mais puisqu’elle ne nous aime point, nous ne l’aimons pas aussi.

— Ça serait bien mieux de ne pas en-