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Toute son ambition et tout son orgueil se concentrèrent dans l’amour exclusif de la propriété ; sans souci des traditions et de ses ancêtres, il arrondit ses domaines en épousant la fille d’un riche paysan, propriétaire des Saulées. Ce fut après la mort de sa femme que M. de Pontvigail alla s’installer dans cet héritage, dont elle lui avait laissé la jouissance, et qui, par suite d’une mauvaise administration, réclamait la présence du maître.

Bâti au sommet des coteaux, entre champs et bois, à distance à peu près égale des Maurières et des Saulées, le manoir des Grolles, comme tant d’autres, témoigne du peu d’exigence des gentilshommes d’autrefois en fait d’habitation. C’est un parallélogramme revêtu d’un vaste toit renflé à la base et se terminant en pointe avec de hautes cheminées. La porte ogivale, la façade ornée de croisées de pierre, à vieux vitraux, charmèrent au premier abord la fantaisie de Lucien et de Cécile. Mais l’intérieur produisit sur eux une impression différente.

Le rez-de-chaussée n’offrait, outre les pièces habitées par le fermier, qu’un vieux salon, une chambre qui pouvait servir de cuisine et un dédale de coins et de recoins sombres, largement pourvus d’araignées et de chauves-souris. En face de la porte d’entrée principale, l’escalier de pierre, à larges marches et à deux volées, conduisait à des chambres poussiéreuses et nues, aux cheminées immenses, aux grandes fenêtres et aux plafonds en solives, d’où les toiles d’araignée pendaient en haillons.

À l’aspect d’un pareil intérieur, la jeune Parisienne jeta sur son frère un regard désespéré, en