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langage, parfois avec d’heureuses ripostes, une conversation avec des bourgeois.

Lucien était loin d’être aussi sévère. Il écoutait et regardait la belle ouvrière, et elle le charmait. Cette différence d’impression venait évidemment de la beauté de Rose, toute-puissante sur Lucien, d’influence presque nulle pour Cécile, et là peut-être est surtout la cause de ces différences de jugement qu’on attribue plutôt aux jalousies féminines.

Mme Arsène aussi avait été invitée à prendre du lait ; mais elle refusa obstinément de se mettre à la table des messieurs, et mit sa tasse sur ses genoux en protestant de son respect pour les personnes comme il faut. « Elle avait vu de meilleurs jours, c’est vrai ; mais puisque la Providence l’avait ainsi voulu, elle resterait à la place qui lui était assignée. » Cécile avait déjà vu cette femme chez les Darbault, avec lesquels elle était en rapports de bon voisinage. Mme Arsène revint à Loubans avec la famille, et Cécile, en chemin, lui fit plusieurs questions sur la possibilité de trouver dans le pays une bonne et un logement convenables.

Lucien, après l’explication du matin, s’attendait à trouver l’oncle Darbault muni de renseignements relatifs à l’habitation cherchée. Il ne s’était pas trompé : deux ou trois logements s’offraient, dont l’un à Loubans ; mais le frère et la sœur désiraient la campagne, et leur choix se fixa, d’après la description qui leur en fut faite, sur une maison, située à demi-lieue du bourg, qui appartenait à M. de Pontvigail, et qu’il avait autrefois habitée.

C’était une gentilhommière assez délabrée, mais