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jamais appris le dessin ? demanda-t-il ensuite à Patrice.

— Non, je fais des lignes avec du charbon quand j’ai le temps, voilà tout.

— Et quel ton état ?

— Je suis potier.

— Il fait même les plus jolis pots qu’on puisse trouver dans le pays, » dit Rose, qui courut à la maison et en revint bientôt avec un broc entouré d’une guirlande de lierre et deux petites figurines.

Quoique gâtés par la cuisson, ces objets portaient encore le cachet de la pureté du type en vue duquel ils avaient été conçus.

« Est-ce lui, demanda Lucien, qui a fait cette belle cruche que j’ai remarquée l’autre jour quand vous m’avez donné à boire, mademoiselle Rose ?

— C’est lui.

— Eh bien, il y a réellement un artiste dans ce jeune homme, dit Lucien. Veux-tu que je te donne des leçons, Patrice ? Nous verrons ce qu’il y aurait moyen de faire de toi ? »

Patrice, les yeux fixes, les joues éclatantes, semblait étourdi.

« Grand Dieu ! s’écria Mme Arsène en essuyant le coin de ses yeux, voilà bien le doigt de la Providence !

— Quoi ! s’écria Rose, Patrice pourrait devenir un peintre comme M. Lucien ?

— C’est probable, dit Cécile.

— Et ça lui ferait gagner de l’argent ?

— Oui, s’il devenait habile.

— Monsieur, demanda Patrice d’une voix altérée,