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d’une femme du grand monde, et n’avaient trouvé qu’une modeste garde-robe, visant tout bonnement à cet indispensable si ample déjà, et n’ayant d’autre mérite que le bon goût, peu compris au village. Cécile avait donc été mortifiée, et de plus mécontente de l’être pour si peu. Mais elle ne pouvait s’empêcher d’éprouver quelque malaise de sentir sa considération soumise, dans ce milieu vain, à des jugements si frivoles, et se trouvait peu flattée que ce qu’elle avait de meilleur y passât inaperçu.

« Croirais-tu, maman, reprit Agathe, que Cécile a laissé à Paris ses plus belles robes ?

— Eh bien ! dit la mère, elle a pensé que c’était trop beau pour nous, et elle a eu tout à fait raison ; nous avons cependant ici des personnes qui se mettent très-bien.

— Ce n’est pas exact du tout, ma chère, dit Cécile, répondant à Agathe je vous ai parlé de robes de soirée que je portais avant mon deuil et que je n’ai pas mises depuis. Il ne pouvait pas me venir à l’idée de les apporter ici.

— Vous en ferez ce que vous voudrez, dit Mme Darbault, mais je dois vous prévenir que c’est grande fête aujourd’hui, et qu’il y aura de très-belles toilettes à l’église, d’autant plus, ma chère, qu’on s’attend à vous y voir.

— Comment cela, ma tante, moi qui ne connais personne !

— Ah ! vous vous imaginez, dit M. Darbault, que ça ne fait pas sensation l’arrivée d’une Parisienne à Loubans ? Du moment où vous aurez mis le pied dans l’église, cent paires d’yeux vont vous saisir et