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« Cela ne se fait plus.

— Ah ! » dit-elle, se soumettant aussitôt.

Il fut convenu enfin qu’elle aurait simplement un ouvrage de couture sur les genoux, et Lucien prit le crayon.

Rose d’abord se tint un peu roide ; mais les paroles du jeune peintre, ses regards charmés, l’animèrent, et elle causa sans se trop déranger. Dans le rayon des choses que sa pensée embrassait, Rose était intelligente, et l’habitude d’être admirée lui avait donné cette confiance en soi qui permet à toutes les ressources de l’esprit de se déployer librement.

Et puis, ce n’était pas un jeune homme de vingt-six ans, artiste, et, comme tel, adorateur de la beauté, qui pouvait peser bien scrupuleusement, au point de vue de leur valeur intrinsèque, les paroles d’une charmante fille dont les yeux et les lèvres disaient en outre tant de belles choses. Cette séance en plein air, en face de ce beau modèle, aux rayons du soleil levant, fut magique pour Lucien.

Il revint à Loubans, les yeux pleins de merveilles, l’oreille de chants, l’âme d’enivrements, plus peintre qu’il ne s’était jamais senti l’être. Il embrassa fortement sa sœur et fut éblouissant d’entrain toute la matinée ; mais il ne dit point d’où il venait, ce qui parut grave à Cécile, quand Marius, au déjeuner, leur apprit que Lucien avait commencé le portrait de Rose.

Cécile ne fut pas la seule à se préoccuper en cette occasion. À la campagne, toute intrigue se trouve exposée aux commentaires, à la manière dont le gi-