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IV

Les Maurières étaient un hameau planté sous l’ombre de grands châtaigniers, à quelques mètres au-dessus de la petite rivière de l’Ysette, qui baignait le vallon.

Ce hameau, quelque champ sur le haut du coteau, et les prairies qui s’étendaient, bordées de peupliers, des deux côtés de l’Ysette, appartenaient à M. de Pontvigail. Il confiait à Deschamps l’administration de cette partie de ses domaines, et le soin des belles vaches qui paissaient tout l’été dans les prairies et fournissaient de lait le bourg de Loubans. Le seul travailleur sérieux de la ferme, cependant, était la femme de Deschamps, l’Henriette, comme on l’appelait, une grande créature hâve et chagrine, qu’on voyait toujours allant et venant, effarée et comme harcelée par les exigences d’un travail exorbitant où nul ne l’aidait, excepté sa vieille belle-mère et un petit garçon qu’on avait loué pour garder le bétail dans les prés.

Quant à Deschamps, gros, gras et fleuri, après