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— Vous devez cependant gagner leur confiance, dit Cécile avec un doux et affectueux regard.

— Oh ! j’ai nombre de confidences et tenez, aujourd’hui encore, si je suis revenu si tard, c’est la faute d’un de mes clients. Mais, pour celui-là, comme sa maladie ne se compose que d’émotions contenues, ma médication ne consiste bien souvent qu’à l’écouter, et à lui répondre avec sympathie.

— Ce doit être M. Louis de Pontvigail, » dit Agathe.

Le docteur ne répondit pas et M. Darbault prit la parole :

« Bah ! vous n’aurez pas longtemps à le plaindre ; il aura bientôt un plus doux consolateur. »

Il regardait en même temps du côté de Rose. Mais elle n’était plus là. En ouvrière bien apprise, elle avait quitté la table au dessert, et M. Darbault en fut pour ses frais de taquinerie.

« Ce serait une honte, s’écria Lucien, que de sacrifier cette belle fille à un monomane vieux avant l’âge !

— Eh ! eh ! mon neveu, une fortune de cinq cent mille francs arrange bien des choses. Cette petite-là rêve, comme les autres, des robes de soie.

— Peut-être, dit Lucien, elle paraît fort modeste, et… »

Mais il s’arrêta en voyant son oncle sourire et les yeux de sa sœur fixés sur lui.

On passa au salon, et le piano fut ouvert. Cécile et Lucien chantèrent un duo d’Hérold qu’ils savaient par cœur, Lilia une romance mélancolique, où elle mit peu de voix, mais beaucoup d’expression.