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bout de la table, où l’on avait mis son couvert à côté de celui de la petite Jeanne. Mme Delfons, placée en face de la porte, la salua d’un signe affectueux. Marius se leva à demi, et Mme Darbault, en tournant la tête, dit :

« Ah ! c’est vous, Rose ; bonjour. »

La jeune ouvrière se trouvait placée presque en face de Lucien ; elle s’était assise sans le regarder. Après avoir un peu hésité, se penchant vers elle :

« Vous vous portez bien, mademoiselle Rose ? »

Ce fut tout ce qu’il sut lui dire ; car il était ébloui de la revoir cent fois plus belle qu’autrefois.

Rose leva les yeux, et d’un ton indifférent :

« Ah ! c’est M. Lucien je ne vous reconnaissais pas.

— Vous étiez pourtant assez bien ensemble autrefois, » dit M. Darbault avec son sans gêne habituel, ce qui fit rougir Lucien.

Rose ne sembla pas avoir entendu ; elle s’occupait de la petite Jeanne. Marius jeta sur Lucien un regard jaloux. Cécile contemplait avec attention la jeune paysanne.

C’était vraiment une beauté dans la complète acception du mot, une figure à la fois éblouissante et correcte, où l’on ne pouvait rien trouver à reprendre, sinon peut-être l’ampleur de formes signalée par Agathe, et qui, rappelant le type romain, devait être pour l’artiste un charme de plus. Une coiffe abondamment ornée de dentelle encadrait son visage et adoucissait le ton de sa peau, où le rose et le blanc, pour atteindre une nuance plus haute que sur le fin visage de Cécile, ne se fondaient pas moins heureusement.