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chaleur, dit languissamment Agathe ; ce serait à en mourir.

— Ce soir, alors.

— Après le dîner ? Ce serait trop tard. Nous dînons chez Lilia, vous savez.

— Alors quelle heure choisissez-vous pour la promenade ?

— Mais nous sortons assez rarement, seulement pour aller à la messe et faire des visites ou des commissions.

— Ce n’est guère la peine de vivre à la campagne, observa Cécile.

— Ma chère, où voulez-vous qu’on aille ? Dans les chemins ? S’il y avait ici une promenade plantée, une sorte de cours, où chacun se rendrait de son côté, ce serait un but. Mais Loubans est une trop petite localité.

— Ah ! vous croyiez trouver ici de vraies campagnardes ? s’écria l’oncle Darbault. Détrompez-vous ; si ça se trouve quelque part, ce n’est sans doute pas en province. Nos dames se respectent trop.

— Je ne sais pas pourquoi tu dis cela, interrompit Mme Darbault. Il n’y a rien de bien beau à voir dans les champs. Et puis, je n’ai guère le temps, moi, et Agathe ne peut pas sortir seule.

— Eh bien, ma tante, dit Lucien, si vous le permettez, nous accompagnerons ces demoiselles, Marius et moi.

— Ce ne serait guère convenable, reprit la mère. Deux jeunes filles conduites par deux jeunes gens ! On en causerait ; il n’en faut pas tant à Loubans pour exciter la malignité.