Page:Leo - L Ideal au village.pdf/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de complaisance. Un mot ayant amené la conversation sur Rose Deschamps, Agathe avoua qu’elle ne pouvait la souffrir.

« C’est une fille pleine de prétentions et de vanité. Elle veut faire la demoiselle. Lilia la gâte ; elle a tort…

« On parle beaucoup de sa beauté ; moi, je ne trouve pas. Elle a le nez trop fort et la bouche trop grande. Et puis des manières… Je ne comprends pas qu’on parle tant d’une fille de cette classe. Mais nos messieurs ont à présent des goûts si peu distingués ! Je ne voudrais pas qu’elle devînt Mme de Pontvigail ; elle serait trop fière, et l’on serait obligé de la recevoir comme une égale, tandis que maintenant on l’accueille, voilà tout ; mais je ne me crois pas du tout obligée de lui tenir compagnie. Elle vient en journée chez nous. Oh ! non, j’espère bien que ce mariage ne se fera pas ; ce serait trop désagréable. Savez-vous, Cécile ? j’ai rêvé toute la nuit à la manière dont vous arrangez vos cheveux ; cela va très-bien, mais je ne sais comment m’y prendre ; vous allez me montrer cela. »

Cécile trouva un prétexte pour éloigner sa cousine ; mais elle passait à peine sa robe de chambre que l’importune revint, reprit son babillage, inspecta tout, et excéda la jeune Parisienne jusqu’au déjeuner.

On fit ensuite quelques tours de jardin, et les dames s’établirent dans un bosquet avec leur ouvrage.

« Nous ferons bien quelque promenade ? dit Lucien en réponse à un regard désespéré de sa sœur.

— Je pense que Cécile ne veut pas sortir par cette