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— Ce ne sera guère plus long.

— Pardon, le sentier tourne.

— Mais sous cette voûte de feuillage on est si bien ! D’ailleurs, nous pouvons courir. »

Et, sans égard à sa chaussure parisienne, Cécile se mit à bondir dans le sentier rocailleux, entrecoupé çà et là de vieilles racines qui perçaient le sol. Lucien la suivait d’une allure plus modérée, quand tout à coup il la vit se rejeter en arrière en poussant un léger cri, et, accourant en hâte auprès d’elle, il aperçut une sorte de chasseur, d’assez mauvaise tournure, qui, suivi de son chien, s’éloignait à grands pas.

« Eh bien qu’y a-t-il ? » s’écria très-haut le frère de Cécile.

Mais l’inconnu ne détourna pas la tête et disparut dans le bois.

« Il ne m’a pas adressé la moindre parole, dit la jeune fille ; mais quand je me suis trouvée subitement en face de cet homme, qui me fixait avec un étrange regard, j’ai été si surprise que je n’ai pu retenir un cri. Sais-tu qu’il n’est guère poli ce monsieur ? car, aussitôt après avoir crié, je lui ai demandé pardon ; mais il n’a rien répondu, et, me tournant le dos, il s’est enfui en portant gauchement la main à son chapeau.

— C’est quelque braconnier, dit Lucien, car il porte un fusil et la chasse n’est pas ouverte.

— Non, c’est plutôt un bourgeois : il porte du linge fin ; et puis, l’expression de son regard…

— Eh bien ! s’ils ont tous ici la même fleur de politesse… »