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consenti enfin à accepter la direction d’une boîte de médicaments, qu’elle délivre à l’occasion, selon l’ordonnance, car il n’y a pas de pharmacien à Loubans.

Le docteur, charmé, est redevenu amoureux de sa femme. Peut-être les froideurs précédentes de Lilia n’ont-elles pas nui à ce résultat ? Le docteur a sa part des faiblesses humaines et s’était, dit-on, laissé blaser par une félicité trop exempte de nuages. Il comprend désormais le prix de son bonheur retrouvé, et Lilia, avec son sourire toujours empreint de mélancolie, mais avec un regard sincère, dit à Cécile que Lucien devrait bien se marier.

Arthur Darbault, devenu lieutenant, se plaint de dépenser en gants blancs son traitement tout entier, maudit la pauvreté de sa famille et fait des dettes, en poursuivant la conquête d’une héritière louche, ornée d’une grosse dot.

M. Darbault se saigne, comme il dit, aux quatre membres pour entretenir Marius à Paris, où Marius entretient à son tour une jeune étudiante. Le petit bien de famille, couvert d’hypothèques, va être vendu. Agathe approche de trente ans. Elle est lasse au plus haut point de sa broderie et surtout de son piano, et, condamnée cependant à ne voir d’autre but à son existence, elle est devenue tout à fait désagréable ; elle jalouse le bonheur des autres, et l’attaque souvent par des insinuations perfides. Ses petits travers n’ont fait qu’augmenter ; elle s’évanouit maintenant à l’aspect des araignées, et ses nerfs l’agitent à tout propos.

Mme Arsène parle toujours de son oncle et du