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en voyant une rougeur éclatante couvrir le visage de la jeune fille, plein de surprise, il s’écria :

« Tu l’aimerais ? »

De même que Cécile n’avait pu comprendre l’amour que la beauté seule de Rose avait inspiré à Lucien, de même Lucien ne comprenait pas au premier abord la puissance du lien intérieur qui unissait à cet homme, fruste et sans dehors, une jeune fille remarquable entre toutes par sa distinction et sa grâce.

— Quoi ! vraiment, tu l’aimes ? reprit-il.

— Et pourquoi pas ? répondit la jeune fille avec fierté. Jamais je n’en ai connu de plus digne.

— Alors, tout est pour le mieux, » dit Lucien.

Et, non sans quelques ménagements, il apprit à sa sœur les méchants propos dont il venait d’être instruit lui-même.

Elle haussa les épaules avec dédain.

« Chère enfant, observa Lucien, cela, j’en conviens, est méprisable ; mais, en attendant que l’opinion publique se réforme et s’élève, il est difficile de la braver.

— Sois tranquille, dit-elle en jetant les bras autour du cou de son frère, à présent qu’il est libre, il parlera bientôt.

— À la bonne heure, dit Lucien. Attendons. »

Et il ne parla point de départ.