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posa la bougie si près d’une glace qu’elle entendit tout à coup un grand craquement et vit la belle glace fendue de haut en bas. Doucette pour cette fois se crut perdue ; elle s’enfuit dans sa chambre, d’où la voix de Cécile ne put l’arracher, et le lendemain on ne la revit plus ; elle était partie, partie en sanglotant, comme le raconta la fermière, disant qu’elle retournait pour toujours à ses moutons et que de sa vie on ne la reprendrait plus à vouloir servir des messieurs.

Il fallut donc chercher une autre bonne, et les habitants des Grolles eurent deux jours de grand embarras. Chacun dut mettre la main à l’œuvre, et Patrice étant là, on voulut l’employer à fourbir des casseroles ; mais, bien qu’il acceptât sans vergogne les leçons et les services de Lucien, aux frais duquel il devait bientôt se rendre à Paris, Patrice refusa, alléguant que sa dignité d’artiste ne lui permettait pas de faire l’ouvrage d’une cuisinière.

Enfin, une jeune fille se présenta. C’était Mariette, dont Louis répondait. Elle avait quitté les Saulées depuis près d’un mois, pour des motifs qu’elle ne disait pas, mais que devinaient tous ceux qui avaient entendu parler des mœurs du vieux Pontvigail. Elle avait peu d’expérience, mais beaucoup de bonne volonté, et seulement paraissait fort triste.

Le premier jour que Patrice vint aux Grolles après l’installation de Mariette, il parut éprouver en la voyant une vive surprise et de l’embarras.

« Tu ne t’attendais pas à me revoir, n’est-ce pas ? » dit-elle d’un ton de reproche et de chagrin. Puis ils