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si près d’elle et de l’aider, qu’elle-même fut émue. Et puis avec quel soin, malgré son trouble, il la guidait ! Que de trésors de tendresse amassés dans ce cœur solitaire et souffrant ! Éprouvant un peu d’embarras de leur silence, elle voulut causer ; mais Louis répondait à peine. Lucien suivait en sifflotant.

Ils arrivèrent bientôt sur un point du versant d’où l’on dominait le vallon. C’était une vue confuse et noyée de vapeurs, mais où l’on distinguait, au fond, le sombre massif des Saulées, en face, le coteau et les crêtes des peupliers. Sous les rayons de la lune, çà et là, des nappes lumineuses marquaient le cours de l’Ysette, et à droite, au bas des silhouettes décharnées des châtaigniers, une lumière scintillante indiquait les Maurières. Cécile retint le bras de son compagnon.

« Quel charme, dit-elle, dans ce joli paysage endormi !

— Asseyons-nous quelques moments, » dit Lucien.

Louis jeta les yeux autour de lui, fit quelques pas, et revint portant un tronc de hêtre sur lequel il invita Cécile et Lucien à s’asseoir. Lui, se jeta sur l’herbe en face d’eux. Il tournait ainsi le dos au paysage, et Cécile en fit la remarque ; mais quelle autre vue le pouvait toucher, quand il avait sous les yeux cette blanche et délicate figure qui, entourée des plis sombres de son châle, se détachait sur le ciel ?

« Je suis bien, » répondit-il.