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blier qu’il l’est en effet ; mais il ne fallait pas le lui dire.

— Vous avez raison, j’ai peut-être été trop vif.

— Non, c’est la faute de Rose, qui sème la discorde parmi les miens, reprit Lilia en souriant. Mais que mes reproches ne vous mettent pas en fuite, Rose, cela fâcherait mon cousin… et moi. »

Rose insista modestement, en prétextant son ouvrage, et sortit.

« C’est une charmante fille, dit Lilia, mais je crains qu’elle ne soit malheureuse, précisément à cause de sa distinction et de sa beauté. On veut la sacrifier à un homme qu’elle ne peut aimer.

— Elle ne le souffrira pas, ma cousine. On ne marie pas les filles malgré elles en ce temps-ci.

— Vous paraissez bien sûr de ses intentions. Ah ! Lucien, il faudrait prendre garde à ne pas être pour elle plus cruel que tous les autres ensemble. Vous n’êtes pas un Pontvigail, vous ! ajouta Lilia vivement.

— Je ne vous comprends pas ; mes intentions à l’égard de Rose sont les plus pures qu’un honnête homme puisse nourrir.

— Quoi ! vraiment ? Il est certain que vous voudriez l’épouser ? Ce serait une alliance assez… étrange.

donc, répondit Lucien un peu sèchement, puisque je l’aime ?

— Tenez, vous avez raison, dit tout à coup Mme Delfons en tendant la main au jeune homme. Vous avez raison, Lucien, et je vous en estime davantage. Tant d’autres à votre place auraient es-