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Lucien s’attendait à une vive protestation ; il n’obtint qu’un grand soupir.

« Si vous étiez capable de me trahir ! » dit-il en tremblant de rage.

Mais Rose fondit en larmes de nouveau.

« Et vous aussi, dit-elle, vous me rendez malheureuse. Entre mon père et vous, je suis bien à plaindre. Vous n’avez ni l’un ni l’autre pitié de moi.

— Rose, ma chère enfant, aimer c’est vouloir.

— Et souffrir, ajouta Rose en sanglotant.

— Au moins, jurez-moi…

— Oh ! vous savez trop bien que je vous aime ! dit-elle d’un petit air adorable et en laissant tomber sur l’épaule de Lucien sa jolie tête éplorée.

— Oui, je le sais, j’y compte ! Je te crois, cher ange ! »

Et tout entier au ravissement de serrer sur son cœur cette belle fille qu’il aimait, Lucien oubliait l’avenir pour le présent, quand un bruit se fit entendre à la porte : c’était Mme Delfons qui, avec une complaisance touchante, s’annonçait avant d’entrer.

« Avouez, mon cousin, que je suis bien bonne, » dit-elle avec un long regard mélancolique en tendant la main à Lucien.

Il trouva cela si vrai qu’il baisa vivement la main de sa cousine en la comblant de remercîments. Lilia rougit beaucoup.

« Marius est furieux, dit-elle. Pauvre garçon ! Vous l’avez traité d’enfant. Vous ne devez pas ou-