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siens ; je le sais, moi, par Mme Arsène, qui les quitte, n’étant pas femme à avoir longtemps affaire à des pleutres. Ils ont fait au commencement des embarras, comme s’ils apportaient le Pérou ; mais il n’en est rien. Et d’abord, un homme qui fait des tableaux pour les vendre, un artisse, qu’est-ce que c’est que ça ? J’en ai connu un, bon diable, je ne dis pas, qui avait aussi du talent. Il faisait de très-belles choses, et surtout des tableaux pour les sages-femmes, où l’on voyait de petits enfants sortir du calice des roses. C’était joli ! — Eh bien, cependant, il mourait de faim, et sa femme et ses enfants étaient en guenilles. Ce M. Lucien t’emmènerait Dieu sait où, et se ficherait bien de nous laisser dans la peine, ta mère et moi, tandis qu’ici, dans le pays, ne serait-ce que pour l’honneur, une fois que tu seras marquise de Pontvigail, tu ne nous laisseras, j’espère, manquer de rien. Ta bonne femme de mère n’a qu’à s’en aller, et elle est déjà diablement usée, qu’est-ce que je deviendrai, moi ? Je n’entends pas ça ! Je te conseille donc de faire en sorte que je ne trouve pas toujours ce Parisien sur tes talons, si tu ne veux pas qu’il lui arrive des désagréments, et à toi aussi. Ménage-le, je le veux bien ; car plus tard on peut voir, si Louis de Pontvigail ne se décidait pas. Mais avec celui-ci, ne va pas faire la mijaurée, et tâche au contraire de l’encourager ; il en a besoin. Si tu le regardais seulement la moitié aussi gentiment que tu regardes l’autre, ce serait déjà fait. Ah ! les filles ! les filles ! ça n’a pas le sens commun, et c’est toujours bon à prendre avec des pièges d’alouette. Je te croyais pourtant plus forte que ça. Oui, tu pro-