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heur ! Combien je vous suis reconnaissant ! Comment pouvez-vous être si bonne pour moi ? vous !… Les autres me dédaignent, et c’est vous qui voulez bien m’accueillir en ami ! Je vous serai dévoué. Puissiez-vous avoir besoin de moi ! Non, vous ne pouvez pas en avoir besoin. Enfin, j’accepte votre secours tout entier, sans échange. Vous m’avez rendu la vie de l’âme que j’avais perdue. Oui, je me laissais tuer par le doute, vous m’avez guéri. Vos paroles ont écarté le voile de mes yeux ; la maladie qui s’appesantissait depuis des années sur moi m’a quitté, et je me sens maintenant tel que j’étais autrefois, plein de croyance, de force, d’espoir, les pieds sur ce monde et l’âme bien plus haut ! Ah !… vous venez de me le défendre, j’obéirai ; mais je voudrais toujours me prosterner devant vous.

— C’est trop d’exagération, répondit Cécile en s’efforçant de sourire ; mais, quant à ce défaut-là, peut-être aurai-je de la peine à vous en guérir ?

— Vous croyez ? Je ne me trouve pas exagéré, reprit-il naïvement ; je souffre au contraire de ne pouvoir exprimer que très-faiblement ce que j’éprouve. »

Il y eut un silence. Louis, en voyant Argus près de lui, le caressa vivement.

« Bon et fidèle ami, s’écria-t-il, comment se fait-il que tu aies reconnu cette dame ? Car il ne vous avait, je crois, jamais vue ? demanda-t-il à Cécile.

— Pardon, il était avec vous ce jour d’orage que vous nous avez ramenées à Loubans.

— Mais il n’a point accueilli de même vos cousines, qui étaient avec vous, et cependant il les a ren-