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il ne s’agissait guère que d’humoristiques boutades.

Studieuse et réfléchie par nature, l’usage cependant, l’influence de l’opinion, les soins domestiques, et l’absence enfin d’un but précis, détournaient Cécile de se livrer à des études suivies ; mais tout ce qui était sérieux et élevé l’attirait. C’est pourquoi sa pensée revenait sans cesse, invinciblement, vers cette âme avide d’idéal qui s’était ouverte à elle. C’était comme une parenté subitement révélée, presque un attachement, et, à prendre le sens littéral du mot, un attachement véritable, car elle ne pouvait songer qu’à lui.

À la fin pourtant la jeune fille se révolta contre cette sorte d’obsession et voulut s’agiter afin d’y échapper. Elle allait descendre pour donner ses soins au parterre, quand de la fenêtre qui donnait sur la cour elle vit Louis de Pontvigail sortant d’un pas emporté, sa lettre à la main, et aussitôt elle fut rejetée dans sa préoccupation plus vivement que jamais.

Une heure s’écoula, pendant laquelle ses œillets et ses marguerites ne reçurent que des soins distraits ; puis Cécile se rappela que c’était le soir même le dîner et le bal chez les Darbault, et qu’il était bien temps de prévenir Lucien. Celui-ci ne pouvait manquer de s’y rendre ; mais, sous prétexte d’une foulure, il devait excuser Cécile.

Elle monta donc à l’atelier, arracha tout grondeur le jeune peintre à ses pinceaux, inspecta sévèrement sa toilette, et l’accompagna sur le chemin de Loubans, pour le consoler un peu. Lucien partit en se