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et d’espérance qu’elle composait pour lui, n’était-il pas question avant tout d’être vrai ?

En réfléchissant à cela, de plus en plus hésitante et découragée, elle restait les yeux fixés sur le mot embarrassant, que du bout de sa plume elle effleurait, prête à l’effacer.

Mais quel autre mettre à la place ? car enfin il est le seul qui désigne, dans son universalité, cette grande âme, diverse d’intensité dans ses manifestations, mais au fond toujours la même. Aussi, pourquoi les hommes, en attribuant à chaque forme de l’amour une appellation particulière, n’ont-ils voulu donner que le nom d’amour même à celui qui unit l’homme et la femme ? Serait-il donc le plus grand de tous ? l’amour lui-même tout entier ?…

Cécile était si bien en train de méditer qu’elle s’arrêta un moment à ce problème. Enfin, voyant que l’aiguille de sa montre marquait minuit, elle reprit la plume, hésita encore, et finit par tracer après « l’amour » ces mots : « qui nous unit les uns aux autres. » La phrase n’en valait pas mieux, mais le principal était sauvé.

Cécile continua :

« Il me reste à répondre à ce tableau trop vrai que vous faites du meurtre érigé en loi sur notre terre. À cela que puis-je dire ? J’en sens toute l’horreur, et je reconnais que c’est là un argument capable de rendre égoïste de parti pris une âme qui ne sentirait en elle que des appétits et des faiblesses. Mais d’autres lois générales se posent en face de celle-là pour la résoudre, du moins dans l’humanité. Ces