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cœur et qui lui présentait sans cesse l’image de Louis ne recevant pas de réponse à l’heure où il l’attendait, souffrant mille douleurs et s’abandonnant aux doutes les plus amers. Il n’en serait pas ainsi, non, dût-elle passer la nuit à écrire.

On était aux premiers jours d’octobre. Les soleils de l’été duraient encore, tempérés par les souffles d’automne ; les soirées étaient encore tièdes, et Cécile, en voulant fermer la fenêtre, s’y accouda, pour jouir un instant du calme et de la beauté répandus autour d’elle. Sur les grandes masses assoupies des bois reposaient mollement les clartés du ciel étoilé ; les feuillages chuchotaient dans l’ombre, et mille formes indécises remplissaient, de plus en plus obscurément, la profondeur des ténèbres.

C’était un grand silence, tout vivant de respirations et de murmures, comme un sommeil, et que semblait bercer une quiétude profonde. Cécile respira largement et leva sur la voûte céleste un regard charmé, humide d’espérance et de foi. En ce moment, une étoile se détachant fendit le ciel d’un parcours immense, et la jeune fille resta les yeux attachés sur le point où elle avait disparu.

« Ô mystère, murmura-t-elle, il faut bien vivre avec toi ! »

Mille pensées vives et fortifiantes se pressaient en elle, et elle allait rentrer, quand un vol silencieux, doux comme celui d’un éventail de soie, effleura presque son visage. C’était le chat-huant qui rôdait, larron de nuit, pour surprendre, endormis dans leur abri, les insectes et les mulots. Cécile frissonna.

« M. de Pontvigail a raison, se dit-elle ; ces nuits