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et répondant au nom favorable de Doucette, mais seulement parce que son père s’appelait Doux.

Elle avoua peu de savoir, mais affirma son désir d’apprendre. Une lettre de Mme Darbault à sa nièce répondait du caractère et de la probité de la postulante, qui se montrait en outre moins âpre au gain que ses devancières. Bref, elle fut engagée, et il fut convenu que Doucette entrerait en fonctions, à trois jours de là, aussitôt après le départ de Mme Arsène.

Cette affaire étant réglée, Cécile voulut remonter dans sa chambre ; mais d’autres soins encore la réclamèrent ; puis son frère vint et s’empara d’elle jusqu’au soir. Si douce et patiente qu’elle fût, Cécile éprouvait de toutes ces contradictions une irritation qu’elle avait peine à cacher ; elle en souffrait comme si on l’eût empêchée de porter secours à un malade en danger qu’elle aurait eu sous sa garde.

L’attente où elle sentait Louis de Pontvigail lui pesait sur le cœur. Mais quant à parler à son frère de la lettre qu’elle avait reçue, elle y répugnait beaucoup. Lucien appréciait M. de Pontvigail, trouvait-elle, un peu sèchement. Et puis cette lettre, comment la comprendrait-il ? Elle se sentait blessée d’avance de la moindre raillerie. Enfin, c’était une confidence de Louis à elle seule, et elle n’avait pas le droit d’en disposer.

Tout ceci décidé sagement, Cécile termina la soirée dès neuf heures, se disant un peu fatiguée, et s’enferma dans sa chambre pour donner enfin satisfaction à cette inquiétude qu’elle avait au