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mille illustre une satisfaction propre aux élans de son cœur ; mais elle avait mal connu ce qu’elle en devait attendre, et ne pouvait accepter des principes aussi différents des siens. Elle priait donc mademoiselle d’accepter sa démission des fonctions qu’elle avait, par pur dévouement, consenti à remplir jusqu’ici. « Toutefois, ajoutait Mme Arsène, comme la délicatesse est un des points de mes sentiments, j’attendrai que mademoiselle ait trouvé une domestique. »

« Ma foi, dit Lucien, tant mieux ! Mme Arsène est pittoresque, mais fatigante. Nous prendrons à sa place une personne simple.

— Si nous trouvons, Cécile.

— Allons donc, ne sommes-nous pas au village ? Prends, s’il le faut, une bergère ; elle se formera.

— J’essayerai, dit-elle, et, pour ne pas trop fatiguer les points délicats du sentiment de Mme Arsène, je lui rendrai, quoi qu’il arrive, sa liberté à la fin du mois. »

Le soir, Lucien s’échappa dans l’espoir de rencontrer Rose, et Cécile se mit au piano en pensant à Louis de Pontvigail. Mais était-il dans le jardin ? Non sans doute ; il n’oserait plus s’introduire ainsi furtivement, après l’invitation qu’il avait reçue. Mais il ne pouvait non plus venir à la maison tous les soirs, et Cécile regretta pour son protégé ces causeries musicales, où elle-même trouvait du charme. Elle joua cependant, mais avec moins de verve, ne sachant s’il écoutait.

Louis était venu, mais restait en dehors du jardin, l’âme plutôt que l’oreille tendue aux sons qui