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— Où les avez-vous rencontrés ? demanda Cécile fort calme.

— Au bois Robin, je crois l’avoir dit à mademoiselle. Les feuillages me dérobaient leurs figures, mais ils se disaient leurs noms, et j’ai bien reconnu les voix.

— Oui ; sans doute, Rose se rendait en journée, et mon frère, après sa séance de peinture, l’avait conduite jusque-là.

— Enfin, mademoiselle, j’ai cru de mon devoir de me concerter avec vous. M. Lucien est jeune, il est excusable ; il n’a pas le cœur perverti et…

— À qui en avez-vous, Arsène ? Mon frère ne mérite point de blâme, il me semble, en recherchant une fille qu’il veut épouser.

— Épouser ! — le visage de Mme Arsène devint blanc d’étonnement. — Épouser ! c’était vrai ! Et mademoiselle y consent ?

— C’est à mon frère seul de décider en cette occasion, et, puisqu’il aime cette jeune fille…

— Mais Rose n’est qu’une paysanne ! s’écria Mme Arsène. Et M. Lucien, le frère de mademoiselle, un jeune homme comme il faut !… Non, je n’aurais jamais supposé qu’une pareille bassesse de sentiments…

— Arsène !

— Mademoiselle ne doit imputer qu’à mon zèle pour l’honneur de sa maison les paroles qui viennent de m’échapper ! s’écria la nièce du valet de chambre du prince de Lichtenstein dont la pose et les traits eurent à ce moment quelque chose d’héroïque. Je ne suis pas de ces vils serviteurs qui flattent