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pieds et trépigna dessus comme un frénétique. À ce moment, ses yeux rencontrent de nouveau la glace, et il s’arrêta stupéfait. Ces cheveux noirs en désordre, ces yeux ardents, cette bouche passionnée, tout cet ensemble énergique, il n’y avait là ni laideur ni vieillesse pourtant !

« Ô mon Dieu ! se dit-il, serais-je encore jeune ? Oh ! non, c’est impossible ! Du moins je ne veux plus être repoussant à ses yeux. »

D’une main tremblante, il passa le peigne dans ses cheveux, qui étaient onduleux et d’un noir épais.

« Et ma barbe, se dit-il ensuite, je ne la fais plus que tous les huit jours, c’est horrible ! »

Au risque de se blesser, car sa main tremblait toujours, il se rasa. Ses habits étaient souillés de poussière et mal tenus ; il les brossa ou les remplaça, et fit subir à ses dents et à ses mains une toilette minutieuse.

Quand il descendit, Gothon en le voyant fut tour étonnée.

« Tiens, qu’est-ce qu’il y a donc ? Ah ! vous allez aux Maurières ? À la bonne heure : on ne savait plus là-bas ce que vous étiez devenu. »

Louis ne répondit qu’en demandant de quoi déjeuner.

« Eh bien ! c’est ça. Qu’est-ce que vous voulez que j’vous donne, à c’t’heure ? Il fallait descendre pour le déjeuner. Votre père vous croyait perdu ; on ne vous a pas vu rentrer hier soir. Par où avez-vous passé ? Vous menez une jolie vie, et si ça plaît à la Rose, elle ne sera pas difficile. Tenez, voilà du fromage et un reste de pommes de terre ; il n’y a pas