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VIII

Louis de Pontvigail, en rentrant chez son père, trouva la maison fermée et solidement verrouillée à l’intérieur, ainsi que cela se pratiquait chaque soir aux Saulées, entre neuf et dix heures, sous la surveillance du maître. Se coucher de bonne heure pour ne pas user de lumière, et se lever aux premiers rayons de l’aube, telle était la règle rigoureuse de la maison ; ce soir-là, malgré l’absence de son fils, le vieux Pontvigail l’avait fait exécuter comme à l’ordinaire, en répétant, de sa voix faussement solennelle, que faute d’un moine l’abbaye ne chôme pas, et que pour un jeune homme qui se dérange il ne faut pas déranger toute une maison.

Habitué en pareil cas à semblable réception, Louis n’essaya pas même de se faire ouvrir, et il s’en allait du côté des granges pour s’y jeter sur le foin, tout habillé, quand une lucarne des greniers s’ouvrit, et une voix douce et craintive jeta ces mots :

« Est-ce vous, monsieur Jouis ?

— Oui, répondit-il ; c’est toi, Mariette ?