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On avait nettoyé d’assez belles sculptures qui ornaient la cheminée, et cette chambre, garnie des meubles de chêne sculpté qu’affectionnait autrefois M. Marlotte, et ornée de ces jolies choses qu’une jeune fille élégante rassemble autour d’elle, avait une grandeur simple, mêlée à une grâce pleine de chasteté. Tout cela devait éblouir les yeux d’un homme aussi ignorant du luxe que l’était Louis de Pontvigail ; mais il ne vit rien, et même, quand Cécile vint à sa rencontre, il ne l’aperçut qu’à travers un nuage.

Elle vit bien qu’il était éperdu, et le fit asseoir en lui parlant d’une voix si bonne et si douce qu’il se sentit rassuré. Sur l’invitation de Lucien, elle se mit à jouer une mélodie villageoise qu’elle avait recueillie de la voix des pâtres, le soir, en se promenant dans les champs, et la prolongea par des variations empreintes du même caractère large et mélancolique, au milieu desquelles, toujours présente, bien que parfois invisible, la mélodie tout à coup réapparaissait.

Du coin où il s’était comme blotti, le menton sur sa poitrine, et les yeux couverts par son chapeau, — qu’il n’avait pas ôté, il faut bien le dire, — Louis écoutait Cécile et la contemplait ardemment.

Quand elle eut fini, la jeune fille, sans quitter le piano, se tournant vers lui, dit en quelques mots expressifs combien elle avait été charmée par ces chants rustiques, naïfs et doux comme les voix de la nature, mais avec la supériorité que le sens de la poésie donne à l’âme humaine. Sur l’appel de son doux regard, Louis se décida à répondre.