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— Non ! non ! s’écria Louis avec une terreur véritable. Je ne puis pas entrer ; je n’entrerai pas ! Il est tard ; il faut que je retourne aux Saulées. Bonsoir, monsieur. »

Il s’enfuyait, quand Lucien l’arrêta :

« Monsieur de Pontvigail, nous sommes vos voisins, et de plus vos locataires. Nous pouvons avoir besoin les uns des autres quelquefois. Si vous fuyez ainsi, nous serons obligés de croire que nous vous déplaisons et nous n’oserons plus nous promener dans vos bois. Voyons, venez avec moi. Ma sœur vous est très-reconnaissante, et moi aussi je vous dois des remerciements, pour l’avoir ramenée à Loubans un jour d’orage. »

En même temps, il avait passé le bras sous celui du farouche mélomane et l’entraînait vers la maison. Tout en balbutiant de nouvelles dénégations, basées sur la crainte de déranger Mlle Marlotte, Louis de Pontvigail se laissa conduire. Mais, à mesure qu’il approchait, son trouble devenait extrême ; en montant l’escalier, il hésitait encore, et, sur le seuil de la chambre, Lucien le vit près de lui échapper. Peut-être fut-il surtout retenu par les doux sons qui de l’intérieur semblaient l’appeler.

La chambre de Cécile était celle dont la vue s’étendait le plus au loin sur les bois et l’horizon. La haute fenêtre était garnie de larges rideaux de mousseline blanche, à volants gaufrés, et l’alcôve était fermée de rideaux semblables. Choisi par Lucien, au mépris des recommandations économiques de sa sœur, le papier de la tenture offrait des arabesques d’or sur fond bleu.