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cravate, ou une femme à son chapeau, il n’y avait plus à y revenir.

Cécile se demanda souvent quelle différence Lucien pouvait trouver entre la vanité de cette fille et celle des demoiselles du monde ; mais Lucien affirmait que c’était bien différent : tandis que chez celles-ci l’amour de la parure était l’indice de toutes les perversités, chez Rose, ce n’était qu’enfantillage et n’offrait pas le moindre danger pour l’avenir.

Mlle Marlotte essaya bien d’ouvrir à l’esprit de la jeune ouvrière d’autres horizons. Elle lui parla d’art, de littérature, de voyages, et lui prêta quelques livres. Mais Rose avait déjà lu beaucoup de romans par les journaux qu’on recevait à Loubans et que son père empruntait de quelques bourgeois ou rapportait du café. Elle ne lut dans les livres de Cécile que la partie romanesque, et passa le reste, ou bien ne le comprit pas.

Chaque esprit a son point de vue particulier qui le détourne des autres, et il ne suffit pas de mettre sous les yeux de quelqu’un le bien et le beau pour qu’il les voie. Rose rendit les livres à Cécile bientôt après, en disant avec une petite moue de dédain qu’ils n’étaient pas amusants.

Tout ce qu’elle gagna dans la société de la charmante et distinguée Mlle Marlotte fut de perdre quelque chose de sa brusquerie et de corriger un peu son langage. Ces améliorations de forme, qu’elle-même pouvait apprécier, elle les obtint facilement, parce qu’elle mit sa volonté à les acquérir.

Du reste, les idées morales de Rose étaient celles