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Parisienne accomplie. Tant d’autres filles des champs s’y transforment ainsi qui ne la valent ni en intelligence ni en beauté ! Mais ce n’est pas à cela que je prétends ; je n’aspire qu’à une vie intime, vie de travail et d’amour, avec une femme courageuse et simple, habituée à se contenter de peu, et qui ne m’apportera ni prétentions de luxe, ni ridicules vanités. Penses-tu que je veuille mener la vie de forçat de l’oncle Darbault, suer sang et eau pour fournir de la toilette à ma femme et à mes filles, pour élever mes fils aux plus hautes fonctions et leur procurer pour camarades des fils de ducs ? Non ; que je reste peintre ou me fasse laboureur, je ne veux qu’une chose, vivre d’amour et de travail dans cette simplicité qui elle-même est un bonheur.

— Tu as mille fois raison en cela, » répondit sa sœur.

Elle n’en dit pas davantage ; et Lucien sentit dans cette réserve une défiance qui l’irrita, parce qu’elle portait sur l’objet de son enthousiasme.

Il n’y avait pourtant dans les répugnances de Cécile rien de personnel, ni aucun entêtement ; car après cette déclaration si formelle des projets de Lucien, elle en vint à penser qu’elle ne devait pas entraver, mais favoriser au contraire les entrevues de son frère et de Rose, et que le plus de lumière qu’elle pourrait jeter sur cette jeune fille et son caractère serait ce qu’il y avait à faire de plus juste et de plus prudent.

Ils se voyaient sans elle ; elle voulut qu’ils se vissent près d’elle, ouvertement, et hors des furtives rencontres où l’amour seul se trouvait entre eux. Elle