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et déploré par de longs soupirs la perte de leurs chaussures, elles offrirent leurs soins à Cécile et s’efforcèrent de plaisanter sur la piteuse situation où elles se trouvaient.

« Je ne vois, dit Agathe, qu’un seul moyen de nous tirer d’affaire, c’est d’aller aux Saulées réclamer le secours de M. de Pontvigail. Un marquis, ça doit être chevaleresque ; il nous prêtera son équipage et nous ferons avec honneur notre rentrée dans Loubans.

— L’équipage n’est par malheur qu’une simple patache, observa Lilia.

— Traînée par un échantillon de l’espèce rossinante, reprit Agathe, qui, en riant aux éclats, ajouta : Je vois d’ici la figure du vieil avare en présence de dames errantes qui viennent lui demander l’hospitalité.

— Ce n’est pas la galanterie qui lui manque, dit Lilia. Mais, en nous voyant paraître, Gothon mettrait sa coiffe tout à fait sur l’oreille et saisirait son manche à balai.

— Peut-être M. Louis se montrerait-il plus aimable, repartit Agathe ; mais non, avec la grâce qui le caractérise, il nous tournerait le dos.

— Comme il a fait aux Maurières l’autre jour ; car vous seule, ma chère Cécile, avez obtenu un salut de lui, grâce à la présentation de mon mari.

— Eh bien, il a beau être riche, je ne comprends pas que Rose l’épouse, dit Agathe. Il est si ridicule avec son bonnet de soie noire ! Et puis n’est-ce pas un fou ?

— Vous raillez un malheureux, dit Cécile.