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grand’chose. Seulement, j’ai gardé du souvenir de mes premières impressions le respect de l’enfance et de la jeunesse ; car j’ai senti que, par ce mélange d’impressions réciproques dont se compose la vie, nous nous gâtons plutôt que nous ne nous améliorons. J’ai donc pour principe de ne point toucher brutalement à ce divin songe de pressentiments et d’innéités, monde intérieur des jeunes êtres purs, et je rêvai tout le lendemain aux paroles que je devais dire à Suzanne pour provoquer ses confidences, sans risquer d’apporter dans son esprit des éléments étrangers.

Le lendemain soir, après dîner, Jacques vint à la maison, conduit, ou plutôt poussé par son père. Il avait passé tout le jour l’âme en peine, comme il nous le dit plus tard. Mon mari et Suzanne étaient seuls dans le salon ; j’écrivais à mon fils dans la pièce à côté, dont la porte était ouverte. Sous je ne sais quel prétexte, le vieux Galéron emmena mon mari dans le jardin. Les