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blier de soie, ne purent supporter que la petite Meslin en fit autant.

Mais en voilà bien assez, madame, pour vous faire comprendre la jalousie dont ma fille d’adoption était l’objet déjà, quand vint s’établir à la Roche-Néré l’instituteur actuel, Jacques Galéron.

Cette installation était un grave événement dans notre village. L’ancien instituteur était un rustre à peine décrassé ; celui-ci un beau garçon, timide, mais bien élevé, qui se tenait convenablement, s’exprimait bien, et qu’on disait très-instruit ; de plus, à marier. Tout cela fournissait ample matière à préoccupations pour des gens dont l’esprit ne vit que de faits journaliers et du soin des affaires d’autrui.

On parlait de lui depuis un mois quand il arriva. Dès lors ce fut bien pis : on attendit sa visite avec ardeur ; on courait à la fenêtre pour le voir passer. On disait des choses fantastiques de son grand-père, vieux soldat qui l’avait élevé et vivait avec lui.