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d’ici, et voilà tout le crime de Suzanne à leurs yeux. N’est-ce pas cependant une jalousie bien basse que de chercher une ombre de supériorité dans l’abaissement d’autrui ?

Ma Suzanne devenait de plus en plus gracieuse et intelligente. Un jour, en lisant une belle poésie, elle se mit à pleurer ; et, se jetant dans mes bras, me remercia passionnément d’avoir fait pour elle, en lui donnant une nouvelle vie, plus que n’avait fait sa mère. À partir de ce jour, quand nous étions seules, le nom de maman vint de nouveau me rafraîchir le cœur, prononcé par une voix presque aussi douce que celle de Caroline.

Je ne m’en défends point, madame, il nous faut pour vivre un peu de bonheur. Tandis que mon mari va, souvent à plusieurs lieues, porter ses soins aux malades, et en l’absence de mon fils, qui désormais n’apparaîtra plus que par intervalles sous notre toit, Suzanne était toute ma joie et l’est encore. Je cédais