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donneraient de bon cœur pour femme l’aînée des petites Pigeon, quoique la pauvre enfant n’ait guère plus de quinze ans.

Je le crois un peu d’humeur césarienne et satisfait d’être le premier de son village. En outre, il est gourmand, et sa mère possède la meilleure cuisinière du pays, outre une femme de chambre assez jolie, qui passe, à tort j’aime à le croire, pour être la maîtresse de M. Alfénor. On n’en sait rien ; et c’est assurément un triste signe de l’état de nos mœurs que la possibilité d’un mal soit toujours considérée comme la certitude que ce mal existe.

J’avais remarqué, l’année précédente, que M. Alfénor faisait beaucoup d’attention à Suzanne. En entrant, je le vis penché vers elle et lui parlant avec animation ; la petite était calme et avait sur les lèvres un demi-sourire. Il fut un peu confus en m’apercevant, mais se remit aussitôt, et continua la conversation en reprenant ce qu’il venait de raconter à Suzanne.