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la main énergiquement ; Mme de Carzet présenta la sienne au jeune homme avec la cordialité d’une amie. On reprit aussitôt la conversation au point où elle avait été laissée, et M. de Beaudroit consulta le docteur sur plusieurs lettres qu’il écrivait à Paris à l’effet de se procurer livres, planches, cartes modèles, appareils. Il paraissait heureux comme un enfant à qui l’on vient de fournir une occupation agréable et nouvelle. Il imaginait et proposait mille moyens de mise en scène et d’évidence dans la démonstration, qui devaient rendre l’étude attrayante et merveilleuse pour son public enfant.

À ne consulter que l’ardeur des fondateurs de l’école, on eût rempli d’excellentes leçons les sept jours de la semaine. Émile se rappela le premier qu’on ne pouvait disposer que du dimanche, surtout dans cette saison d’été, où les travaux de la campagne prennent toutes les heures, de l’aube à la nuit.

— Nous avons aussi les soirées, dit Mme de Carzet.

— Sans doute, madame ; mais il ne faut pas oublier que le travail du jour pèse sur leurs paupières, et qu’ils doivent se lever à l’aube. En outre, pour plusieurs, la route de la Ravine au hameau peut être longue. Ne croyez pas que la misère lâche facilement ceux qu’elle possède. Chaque ordre de choses, dans le mal comme dans le bien, a ses lois combinées pour l’éterniser.

— Un seul jour par semaine est cependant trop peu, reprit-elle. Quand nous n’obtiendrions qu’une heure tous les soirs…

— Ce sera difficile.

— Qu’importe ? Essayons, commençons, faisons quelque chose. Une bon-