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traire. Il se laissa prendre par tout ce qui voulut l’occuper, et vers midi, se trouvant à court de ressources, il se jeta dans un fauteuil, en s’écriant que pour sortir il faisait bien chaud.

— Pas du tout, répondit Mme Keraudet, il s’est élevé un vent frais, et le temps est moins chaud qu’hier.

— Voilà une Revue du mois dernier que je n’ai pas lue, dit le jeune homme avec dépit. Je n’ai pas un moment à moi…

Il ouvrit la Revue et s’y absorba, ainsi qu’en ses journaux, jusqu’à trois heures, et alors il se leva en disant : Il faut toujours que je sorte ; c’est fatigant !

Par extraordinaire, il s’arrêta devant la glace, arrangea sa cravate, passa la main dans ses cheveux… Finalement, et après quelque hésitation, il monta dans sa chambre et changea d’habit.

Tout cela prit du temps. En regardant à sa montre, Émile partit de mauvaise humeur. Il passa comme une flèche devant la fenêtre de Mlle Chaussat, et, bien que cette fois, il n’oubliât pas de saluer, il n’entendit point la phrase dont l’aimable personne accompagna son bonjour :

— Vous paraissez bien pressé, monsieur Keraudet.

En sorte qu’il ne répondît pas, et que Mlle Chaussat, remarquant en outre qu’il n’avait pas son habit de tous les jours, se répéta, avec une conviction profonde, qu’il y avait quelque chose là-dessous.

Il était juste quatre heures quand Émile Keraudet arriva près du mou-