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LA MIRLITANTOUILLE

val » comme les grands fauteurs des massacres et leur néfaste renommée s’empirera de tout ce que la peur ajoute aux réalités. De spécifier, même arbitrairement, les coupables, cela permet aux autorités de sévir, et l’on emprisonne au hasard les parents des Carfort, « parce que leur fils est à la tête des brigands[1] » ; on arrête aussi sa sœur et son beau-frère ; la famille de Carfort habite à quelque cents pas de La Mirlitantouille, et, depuis que l’endroit a reçu une consécration sanglante, les Administrateurs du Département soupçonnent que, dans ce repaire, toutes les conspirations se trament, toutes les expéditions s’organisent. En juillet 1799, sur cette route qui va de Loudéac à Moncontour, Dujardin et Saint-Régent enlèveront 32.000 francs que le receveur de Loudéac expédie à Saint-Brieuc ; neuf soldats escortant le courrier seront tués[2] ; c’est donc toujours des hauteurs du Mené que descend la terreur sur les deux versants de la montagne ; aussi proposera-t-on de démolir l’estaminet tragique afin qu’à jamais disparaisse jusqu’au souvenir de ce nid de Chouans.

En cet été de 1799, les magistrats briochins, désespérant d’atteindre les grands rebelles, se contentent des maigres captures que leur procurent des trahisons, grassement payées. Parfois, la prise est bonne, comme ce jour où l’on s’empare de Villemain, dit Papa Blanc, le vieux soldat de Boishardy,

  1. Archives nationales, F7 7639.
  2. Habasque, Notions historiques…, III, p. 55, n.