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LA MIRLITANTOUILLE

espions[1], nul ne découvrit sa retraite. Lui-même, en fugitif dilettante, prenait soin d’avertir le ministre qu’on ne le trouverait pas : — « Ce serait être bien ennemi de moi-même que d’aller offrir ma tête au fer de mes bourreaux, et puisque j’ai pu mettre, entre eux et moi, une heureuse distance, je suis décidé à la conserver et à voir de loin les résultats[2]. » On le chercha en vain dans la région de Landerneau, ville où il était né et où il comptait beaucoup de parents et d’amis. Le ministre dépêcha de Paris des limiers réputés, l’agent B…, l’agent C.-L…, l’agent C.-H…[3], un autre encore, qui signe C.-B… et qui s’appelait Brunot, voyageant sous le nom de Charles Villeroy ; il poussait le scrupule professionnel jusqu’à s’affilier, en arrivant dans une ville, à la loge maçonnique, afin d’espionner les « frères[4] ». Mais Le Gris-Duval déjouait toutes les ruses ; son beau-frère Kerigant, Villemain et Carfort qui avait pris la succession de Duviquet, restaient également introuvables.

À Paris, on commençait à s’inquiéter de cette interminable affaire de La Mirlitantouille ; l’acte inqualifiable de Besné avait attiré sur elle l’attention du gouvernement. La tentative avortée de Duviquet sur la prison de Saint-Brieuc, le massacre du 17 juin, le procès des quarante et leur acquittement scandaleux formaient un enchaînement de circons-

  1. « J’avais mis à sa poursuite l’homme du département le plus propre à le capturer. » Le Commissaire du Directoire près les tribunaux des Côtes-du-Nord au ministre de la Justice. Archives nationales, BB18 253.
  2. Le citoyen Le Gris-Duval au ministre de la Police, 19 janvier 1799. Archives nationales, F7 6147.
  3. Archives nationales, F7 7532B.
  4. Archives nationales, F7 36692.