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que le neveu de Georges consacrait, il y a quelque cinquante ans, à la mémoire de son oncle, absout le Comte d’Artois de l’accusation de lâcheté si souvent portée contre lui. Ce n’était pas la peur qui le retenait en exil, mais la défiance de ses parasites s’évertuant pour qu’il ne leur échappât point. À leurs efforts se joignaient ceux des espions qu’entretenait, autour des Princes, Fouché, le ministre de la police de Bonaparte ; de ceux-ci émanait l’opinion « qu’il n’y avait qu’à attendre », que le Consul ne durerait pas ; d’ailleurs, il était « fini », au moral comme au physique ; « il n’avait pas deux mois à vivre » ; en outre, il ne comptait à Paris que des ennemis et pas un partisan ; ses rivaux, — Carnot ou Moreau, — pressés d’occuper sa place, se chargeraient d’en débarrasser le pays ; d’autres ambitieux surgiraient pour renverser son successeur et, après quelques expériences de ce genre, la France, d’une voix unanime, « rappellerait ses princes légitimes qu’elle souhaitait revoir depuis si longtemps ». Telle était la clairvoyance de l’émigration ! Georges ne réussit pas à la désaveugler ; il enrage, il se désole, il tempête : en vain certifie-t-il que Bonaparte ne se laissera pas évincer, qu’il faut l’abattre : certes, sa situation est instable ; mais temporiser, c’est l’affermir. Il faut se hâter, au contraire, de frapper le coup : le Consul, il le sait, doit quitter prochainement