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un grand dîner de vingt couverts fut commandé au café d’Orsay, alors situé à l’angle de la rue du Bac et du quai. Georges y voulait, disait-il, traiter, avant son départ, les officiers royalistes avec lesquels il s’était trouvé en relation durant son séjour. Le dîner fut-il mangé ? C’est peu probable : pareille bombance entre conspirateurs notoires eût constitué un mauvais moyen de se dissimuler. La commande de ce repas, faite ostensiblement, avait pour but de lanterner les policiers, et le restaurateur en fut pour ses préparatifs. À l’heure de se mettre à table, Georges devait rouler depuis longtemps sur la route de Boulogne.

Pourtant on a raconté que le banquet eut lieu, qu’il fut très animé, et que, au sortir de table, Georges aurait offert à ses convives de les conduire à l’Opéra : « Ils s’empilèrent donc dans des fiacres ; lui les suivait en cabriolet et, avant d’arriver au boulevard Saint-Martin, où était alors l’Opéra, il tourna dans la rue Saint-Denis à l’extrémité de laquelle l’attendait en chaise de poste Hyde de Neuville. »

Ce qui infirme tout au moins l’une des circonstances de ce romanesque épisode, c’est que, en avril 1800, l’Opéra n’était plus depuis six ans à la Porte-Saint-Martin, mais rue de la Loi (rue de Richelieu actuelle). Il est donc plus prudent de s’en tenir à la version qui nous montre Cadoudal, après avoir commandé son dîner