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prison, y étaient restés, confiés aux soins d’une servante. Les bestiaux confisqués avaient été conduits à Auray. Crainte d’être repris, Georges ne séjourna pas dans ce modeste domaine où s’était écoulée son enfance : il repéra la cachette de l’oncle Denis, trouva l’argent, se chargea de ce premier trésor de guerre et s’enfonça dans l’intérieur du pays, gagnant la région des landes sans fin et des forêts profondes qui, pendant dix ans, allait être son royaume.

Alors commença cette existence énigmatique de fugitif volontaire, sans asile fixe, tapi, le jour, dans les ajoncs ou sous la pierre brisée de quelque antique dolmen ; parcourant, la nuit, de longues distances pour visiter ses partisans ou embaucher de nouveaux affidés ; dormant, au hasard de ces randonnées, chez des paysans, dans ces chaumières isolées qu’un contemporain décrit comme « des cahutes sans air, pleines de fumée, partagées par une claie : les porcs et les bestiaux d’un côté, de l’autre les gens. Point de parquet, ni de pavé, ni de carrelage : le sol nu, bosselé, creusé de trous où s’accumule le purin de l’étable voisine ». C’est dans de pareilles demeures que Georges ira recruter ses agents et ses soldats.

Quels éléments vont composer cette armée dont l’effectif se complétera ou se restreindra suivant les circonstances ? — Quelques émigrés ; un certain nombre de déserteurs et de