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Mercier, liés de cordes, sont conduits à la prison d’Auray d’où, un mois plus tard, on les évacua sur le château de Brest, antique et sombre assemblage de tours, de fossés, de ponts, de casernes, d’échauguettes, de salles voûtées, enté sur le roc battu par les flots. Cette sinistre bastille regorgeait de détenus entassés pêle-mêle, prêtres, paysans, femmes, aristocrates, chouans et bourgeois. Mme Cadoudal ne put supporter le méphitisme de cette insalubre geôle ; transportée à l’hôpital de Brest, elle y mourut en donnant le jour à un enfant qui ne vécut pas. L’oncle Denis ne résista pas non plus aux rigueurs de la captivité ; avant de quitter la prison pour l’hospice où il allait mourir, il prit soin d’indiquer à son neveu Georges la cachette où, dans les derniers temps de son séjour à Kerléano, il avait enfoui tout l’argent qu’il possédait, — 9.000 francs en louis d’or et en écus, — et qu’il lui léguait en toute propriété.

On était alors au début de l’an III et quoique les lois de la Terreur fussent encore en vigueur, leur application subissait quelque détente ; Georges et Mercier profitèrent du relâchement des surveillances pour s’évader du château de Brest sous des costumes de marins que des amis du dehors leur avaient procurés. Georges courut à Kerléano ; il revit séquestrée, dévastée, la maison familiale ; deux de ses frères et l’une de ses sœurs, trop jeunes pour la