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qu’au bout. Georges paraissait « très occupé » avec le sien.

Sur la place, devant l’Hôtel de Ville, l’échafaud est dressé, entouré d’un cordon de soldats : au delà des uniformes qui font un grand vide autour de la guillotine, un océan de têtes ; un profond silence ; tous les regards fixés sur le même point. On voit Georges « discuter avec animation » ; il embrasse deux de ses compagnons, s’incline avec ferveur devant son confesseur ; sa forte silhouette, sa grosse tête bouclée apparaissent sur la plate-forme. Va-t-il parler ? Un roulement de tambour, comme pour Louis XVI, l’en empêche…

L’abbé de Keravenan seul a pu faire connaître à la famille Cadoudal certaines circonstances dont le souvenir s’est perpétué par la tradition : on sut ainsi que, à peine descendu de la charrette, Georges réclama et obtint la faveur de mourir le premier, afin « d’ôter à ses amis l’idée qu’il pourrait leur survivre ». « C’est moi, d’ailleurs, dit-il, qui dois leur donner l’exemple. » Tel était l’objet du petit débat qui eut lieu au pied de l’échafaud. Le prêtre rappelait encore que, en serrant pour la dernière fois son pénitent dans ses bras, il l’invita à réciter la Salutation angélique. Le condamné obéit : « Sainte Marie, mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant… » Il s’arrêta. « Achevez, dit l’abbé, maintenant et à l’heure de notre mort… — À quoi