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« C’est à la modération systématique de Georges, conclut-il, qu’est dû le salut de l’Empereur. »

Vers sept heures du matin, on servit aux douze moribonds un déjeuner composé de viandes froides ; ils mangèrent avec appétit. Coster de Saint-Victor, dont la verve n’était pas tarie, fit remarquer à l’inspecteur de police Veyrat que le gouvernement avait commis une bévue en ne les fusillant pas tous dès leur arrestation ; tout Paris aurait applaudi à cette mesure et ils seraient morts dans l’infamie. En les livrant à la justice criminelle « on leur a mis cent pieds de gloire sur la tête ». Quand ils apprirent que les plus notables des condamnés avaient obtenu leur grâce, ces pauvres gens se réjouirent ; ils improvisèrent un refrain qu’ils chantèrent en chœur :


Quel bonheur ! Ils ont leur grâce,
C’est nous la donner à tous…


« Quant à Pichegru, dit Coster, nous nous verrons probablement ce soir et il nous dira s’il s’est véritablement étranglé lui-même. » Puis il invita ses compagnons à faire la prière en commun : Coster la récitait : les autres répondaient ; ils entonnèrent ensemble un cantique : « Il est beau de mourir pour la Religion et le Roi… » C’est alors qu’on annonça M. l’abbé de Keravenan, prêtre de Saint-Sulpice, demandé par Georges, et