Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/254

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ils riaient, ils se portaient de mutuelles santés et, à l’heure de la séparation, chacun rentrait tranquillement dans son cachot. Matin et soir, Georges, mettant la tête au guichet de sa porte, commandait : « Messieurs, à la prière ! » Il récitait, à voix haute, les oraisons, pour le Roi, pour ses amis, pour ses compagnons d’infortune ; ensuite, les litanies et, après chaque invocation, les douze voix se confondaient en des Ora pro nobis qui résonnaient lugubrement sous les formidables voûtes.

Avant le lever du jour, le 25 juin, on les appela : les gendarmes attendaient pour les reconduire à la Conciergerie, indice que l’exécution était proche. Georges avait passé toute la nuit en prières ; il était prêt ; d’ailleurs les condamnés n’emportaient rien : vêtus de l’uniforme casaque de Bicêtre, composé de deux étoffes « de couleur tranchante », ils abandonnaient linge, habits, bijoux dont la longue liste, dressée le lendemain par le concierge de Bicêtre, est conservée, avec le portefeuille de Georges, aux archives de la Préfecture de police.

En arrivant à la Conciergerie, vers quatre heures du matin, ils étaient « défaits et abattus ». Georges se jeta sur un lit, dormit paisiblement durant une heure et demie et, à son réveil, fit preuve d’une assurance « qui ne fit que s’accroître à mesure que l’heure avançait ». Est-ce à ce moment qu’il dut subir un nouvel assaut