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des révélations que lui arracha la torture, il nie tout, à présent, et malmène de son mieux le président qui le harcèle. Quand celui-ci lui reproche d’avoir dit : qu’il voulait mourir pour sa religion et pour son roi, le pauvre garçon répond : « Je peux bien l’avoir dit : ce serait mon devoir. » Et lorsqu’on lui oppose son premier interrogatoire, il éclate : les policiers l’ont mis au feu pour le faire parler ; ils ont appelé un serrurier qui lui a écrasé les pouces au moyen d’un tournevis ; et le malheureux tend vers les juges ses doigts brisés. À ce geste, un frémissement d’horreur secoue l’assistance ; et voici, se traînant à la barre, une ouvrière de quinze ans, la petite Lemoine, celle qui a porté le « paquet » de Georges jusqu’au cabriolet. Elle déclare timidement : « J’aurais quelque chose à dire, c’est que j’ai beaucoup souffert de m’avoir mis les fers aux pieds… » Et celle-là n’était que témoin ! Le voile se levait sur les procédés de la police et ses manigances ténébreuses afin d’atteindre Moreau, le rival redouté du nouvel empereur : pour le perdre, il fallait l’associer à Georges et à ses chouans et présenter ceux-ci comme « de vils et féroces sicaires ».

Or Moreau niait tout, même son entrevue nocturne avec Pichegru sur le boulevard de la Madeleine. Les royalistes déclaraient n’avoir jamais eu de rapports avec lui ; ceux qui, lors