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seule nuit, l’hospitalité chez une belle actrice, très appréciée par Bonaparte, et celui-ci, étant venu la voir inopinément ce soir-là, s’est heurté à ce rival inattendu qui, au lieu de profiter de cette rencontre pour poignarder le Consul, se montra d’une discrétion et d’une courtoisie chevaleresques ». Racontage sans l’ombre de vraisemblance, mais trop romanesque pour ne point trouver bien des crédules.

À les considérer, ils sont décidément charmants, ces conspirateurs : leur présence en ce lieu sévère, parmi tant de juges à mines revêches, tant de militaires muselés par la discipline, tant d’huissiers, d’espions, de gardes, apporte comme un soulagement à l’encasernement général, quelque chose de la grâce et de la légèreté de l’ancienne France : ils ne prennent rien au tragique ; ils sourient en se regardant les uns les autres, avec des moues de contrition ironique, lorsque l’acte d’accusation énonce les forfaits horribles qui leur sont imputés. Les deux frères Polignac, très jeunes, très enjoués, paraissent ravis de se retrouver parmi des Parisiens, et saluent « d’un air leste » les personnes qu’ils reconnaissent dans l’assistance. Quant au marquis de Rivière, sa situation d’aide de camp de M. le comte d’Artois l’oblige à quelque gravité ; il s’y contraint, non sans peine ; mais il n’en est pas moins galant : ayant distingué, parmi les spectatrices, la belle duchesse de